Les neurosciences confirment ce que nous pensons généralement tous : la lecture stimule l’intelligence de nos enfants.
La capacité de compréhension, la rapidité de traitement de l’information, l’analyse critique des manipulations oratoires sont nourries par la lecture. Le langage écrit est plus riche, introduit des mots rares, intègre des formulations complexes.
Aux évaluations nationales de 4ème, la question suivante était posée : “Si ‘l’hypotension’ signifie qu’on a une tension artérielle inférieure à la normale, si un ‘thermomètre’ est un instrument qui sert à mesurer la température, que signifie ‘être en hypothermie’ ?” Les réponses possibles étaient : “Que la température est supérieure à la normale”, “Que le thermomètre est plus petit que la normale”, “Que la température est inférieure à la normale” et “Que la tension est inférieure à la normale”. Seuls 54,5% des élèves ont répondu que la troisième proposition était correcte.
Je souhaite ici vous partager quelques éléments de “Faites-les lire!” ouvrage de vulgarisation du neurologue Michel Desmurget.
Notre cerveau est façonné pour apprendre même s’il recherche naturellement la facilité. Les réseaux cérébraux préexisteraient pour l’apprentissage du langage oral mais ils doivent être « construits » pour la lecture. Pour cela, le cerveau doit intégrer des quantités phénoménales de données. Par la lecture, il se complexifie et, ainsi, perfectionne l’intelligence.
Les causes de la réduction du temps de lecture sont nombreuses. Les moyens d’y remédier (au moins un peu) existent.
– Le temps de lecture partagée (lecture des parents avec leurs enfants) et la lecture personnelle a décru fortement depuis de nombreuses années. De 11 à 13 ans, les jeunes ayant une lecture partagée quasi quotidienne lisent seuls à 63% alors que ceux pour lesquels cette pratique est rare lisent seuls à 25%. Notre rythme de vie d’adulte ne simplifie pas cette pratique mais lire avec nos enfants porte du fruit : lecture de quelques pages du livre “obligatoire” donné par le professeur de Français, lecture à nos adolescents d’un article d’un quotidien qui nous a interpellé, lecture au coin du feu où parents et enfants lisent chacun leur livre, etc.
– Il est aujourd’hui clairement démontré que le temps croissant donné aux “écrans récréatifs” nuit aux échanges intrafamiliaux, dont la lecture partagée. Le contrôle de ce temps n’est pas toujours facile mais il est indispensable [ce sera peut-être la “guerre” mais vous n’êtes pas seuls… Énormément de parents y font face !].
– Le temps de travail sur écran, “écrans pédagogiques”, est à considérer différemment car il s’agit d’un travail intellectuel et non d’une consommation plus ou moins passive. Il n’en reste pas moins que cette manière de travailler forme elle aussi l’intelligence d’une manière spécifique. Par conséquent, dans notre Institution, nous utilisons à la fois des outils et méthodes traditionnels et d’autres plus modernes afin de multiplier les chances de bénéfices pour nos cerveaux !
Vous le savez sans doute, nous avons mis en place des « ruches » de livres au Saint-Es et des temps de lecture pour tous de 15min sont prévus juste avant chaque vacances (« Silence, on lit ! »). Une réflexion de l’équipe de direction en lien avec les professeurs de français nous conduit à la décision suivante : chaque élève du collège devra dorénavant disposer d’un livre ou d’une revue dans son cartable afin de lire lorsqu’il a terminé son travail scolaire. Les élèves du lycée sont fortement encouragés à mettre cela en pratique aussi… cependant, ils doivent certainement avoir assez de travail pour être occupés durant les heures d’étude !
Bruno ABART